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liberté d'expression - Page 4

  • Feu sur la désinformation... (88)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Olivier Frèrejacques.

    Au sommaire :

    • 1 : La France, mauvais élève du classement mondial de la liberté de la presse...
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : 2 ans de prison ferme pour le blogueur Boris Le Lay pour de simples écrits...
    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : L’affaire « franc-maçon papers » : un traitement médiatique bien différent de celui des « Panama papers »...
    • 6 : Le bobard de la semaine.

     

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  • Piero San Giorgio rencontre Eric Werner...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien de Piero San Giorgio, théoricien (et praticien) suisse du survivalisme, avec le philosophe et essayiste Eric Werner. Penseur qu'il est indispensable de lire, Eric Werner est, notamment l'auteur d'essais tels que De l'extermination (Thaël, 1993 ; Xénia, 2012), L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001), Douze voyants (Xénia, 2010) et de recueils de courtes chroniques incisives et profondes comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). il a dernièrement publié Le temps d'Antigone (Xénia, 2015).

     

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  • Antiracisme : une juste cause dévoyée à des fins politiciennes ?...

    Nous reproduisons ici une remarquable tribune d'Hervé Juvin, publiée par le Figaro et reproduite par La plume à gratter, dans laquelle il dénonce l'instrumentalisation de l'antiracisme par le gouvernement et ses effets destructeurs...

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    Antiracisme : une juste cause dévoyée à des fins politiciennes

    Et une loi sur la répression des propos racistes de plus. Qui peut être contre ? Après l’émotion suscitée par les crimes de janvier, dont l’un des objets manifestes est de terroriser ceux qui résistent à l’islamisation de la France, beaucoup peuvent pourtant s’interroger : est-ce la bonne réponse ?

    Les Français constatent chaque jour que les flux migratoires sont une réalité d’importance dont il devrait être licite de débattre. Or ils se souviennent qu’on ne leur a jamais demandé leur avis et que le changement d’origine de la population française, l’une des transformations majeures de la France au cours des trente dernières années, a été subi, tenu en lisière du débat démocratique, que ses effets n’ont jamais été évalués, et qu’il n’a jamais fait l’objet d’un vote ou d’une loi ; c’est un décret qui a autorisé le regroupement familial ! Ils posent de plus en plus ouvertement la question. Voilà pourquoi la loi s’efforce d’entretenir cette mystification qui est au cœur d’un discours bien rôdé depuis la récupération de la « Marche des Beurs » par SOS Racisme et la culpabilisation des Français, poursuivie par le rapport Tuot (Conseil d’État, 2014) : tout se passe bien, d’ailleurs il ne se passe rien, il est interdit de dire qu’il y a des problèmes. Tout se passe bien, et si ça se passe mal, c’est de votre faute !

    Le déni du réel dans lequel s’enfonce la France commence par la censure des mots. Sera-t-il possible de dire d’un Noir qu’il est noir, d’un Blanc qu’il est blanc, et qu’une soucoupe est une soucoupe ? L’idéologie de l’individu absolu répond que non. L’individu hors sol, que ne détermine rien, ni son origine, ni son âge, ni son sexe, ni sa foi, voilà l’idéal. Substituer l’individu abstrait, fiction juridique, aux hommes d’ici, des leurs et d’une histoire, voilà l’objet. Désintégrer ces liens, ces appartenances, ces communautés qui font de l’individu une personne, qui lui donnent une identité, voilà l’urgence !

    Nous sommes au cœur de la Grande Séparation moderne. La séparation de naguère passait dans l’espace, dans la langue et dans les mœurs, entre des sociétés humaines auxquelles elle assurait la liberté de se conduire, de choisir leur destin et d’approfondir cette diversité splendide des mœurs, des cultures et des croyances qui constitue la civilisation humaine, qui n’est pas si elle n’est pas plurielle ; « il n’y a pas de civilisation s’il n’y a pas des civilisations » (Claude Lévi-Strauss). La séparation moderne met fin à cette diversité des sociétés humaines et coupe l’individu de toutes les déterminations par lesquelles l’histoire, la nation, la culture ou la religion faisaient de lui le membre d’une communauté, l’acteur d’une société et un citoyen responsable. Comme l’analyse depuis longtemps Marcel Gauchet, il n’y a que des individus qui ont des droits, et rien d’autre ne peut les singulariser ; voilà l’idéologie moderne, voilà ce qui réalise la grande séparation d’avec l’histoire comme avec la nature, voilà comment le droit entreprend d’en finir avec les nations, de dissoudre les peuples, et d’étouffer la démocratie au nom de l’Homme nouveau.

    Le paradoxe est double. D’abord, l’antiracisme, au nom de l’égalité et du droit à la différence, est porteur d’une indifférenciation destructrices des cultures et des identités, à la fin de la diversité des sociétés humaines. Il promeut ce qu’il veut combattre : l’avènement d’un modèle occidentaliste qui entend faire du monde une grande Amérique au nom de l’universel. Est-ce le destin de tout Malien, de tout Malgache, de tout Algérien de devenir un Français comme les autres ? C’est que l’antiracisme confond inégalité et différence. Il affirme que la nature fait des hommes tous les mêmes, sans percevoir que ce naturalisme est la négation du travail patient, millénaire, des cultures pour se distinguer, se singulariser et se transmettre. A cet égard, les formes dévoyées de l’antiracisme constituent un anti-humanisme ou, si l’on veut,  une expression de la haine contre la culture qui trouve actuellement des expressions inédites dans le monde d’Internet, du management et du transhumanisme. Voilà qui conduit à la négation des cultures, qui ne peuvent vivre que dans un certain degré de séparation avec d’autres cultures, dans une certaine unité interne assurée par des frontières, l’éloignement, les identités singulières.

    Dévoyer un grand et juste combat à des fins politiciennes est plus que méprisable, c’est dangereux. la négation de la condition humaine, qui est toujours enracinée dans un milieu, dans un contexte, dans une mémoire, fait l’impasse sur la question du moment : Comment faire société entre nous ? La Nation répondait : quelques soient leur origine, leur foi, et leurs idées, la France unit tous ceux qui la préfèrent. Le couvercle de la nation tenait ensemble ce que tout le reste séparait. La réponse disparaît, avec cette grande séparation qui nous dépouille de ce qui fait de nous des Français, les hommes de cette terre et des nôtres, pour en finir avec toute résistance au nouvel ordre mondial, du droit, du contrat et du marché.

    Et nous en sommes là, à la montée d’une police des idées, des mots et de la pensée, qui pourrait bien réussir ce prodige paradoxal : faire de la race ce qu’était le sexe au XIXème siècle, ce à quoi il est tellement interdit de penser et de dire qu’on y pense toujours et qu’on ne voit plus qu’elle. L’inflation de l’antiracisme produisant le racisme ? Prodige assez banal des politiques médiocres qui pensent changer le réel par décret et se garder des choses en supprimant les mots.

    Hervé Juvin (Le Figaro, 17 avril 2015)

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  • Feu sur la désinformation... (34)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 :  Français de souche : victoire sémantique !

    • 2 :  Le zapping d’I-Média.

    • 3 : Dîner du CRIF : Feu sur la Liberté d’Expression
    • 4 :  Tweets d’I-Média.
    • 5 :  Petits mensonges internationaux.
    • 6 :  Le bobard de la semaine.

     

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  • La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, arme de destruction massive des libertés publiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Bourgoin, cueilli sur le site Euro-Synergies et consacré au prétexte que constitue la lutte contre le racisme et l'antisémitisme pour la mise en place de lois visant à réduire la liberté d'expression. Nicolas Bourgoin est enseignant-chercheur à l'université de Franche-Comté...

     

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    La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, arme de destruction massive des libertés publiques

    Droite du travail, gauche des valeurs. La politique du gouvernement Hollande semble se résumer à deux axes en apparence opposés mais en réalité convergents : mise aux normes mondialistes de l’économie française, pénalisation toujours plus forte du « racisme et de l’antisémitisme » sous couvert de lutte contre le djihadisme.  Pendant que le gouvernement Hollande s’active à dépouiller les travailleurs français de leurs dernières protections face à la violence de l’économie de marché, il fait mine de protéger les personnes supposées vulnérables à la discrimination ethnique ou religieuse par une législation toujours plus stricte. Dans les deux cas, la méthode est similaire : passage en force et autoritarisme. Le but également :  cette compassion victimaire (d’ailleurs à géométrie variable) sert le projet mondialiste en disqualifiant les oppositions à sa politique.

    Il y a des hasards de calendrier qui en disent long. Cette semaine a vu le passage en force de la loi Macron, sans doute la réforme la plus libérale votée sous la 5ème République, ainsi que l’annonce par la Garde des Sceaux d’un énième projet de loi contre le racisme et l’antisémitisme.

    La mécanique est bien rodée : surfer sur l’émotion collective provoquée par un événement dramatique pour faire passer une nouvelle loi liberticide. La dernière en date ne fait pas exception. La profanation d’un cimetière juif de Sarre-Union par cinq mineurs qui ont saccagé 250 tombes ainsi que les agissements de certains supporters de Chelsea qui ont empêché un homme noir de monter dans le métro ont servi de prétexte à un énième durcissement pénal. Le nouveau projet de loi de Christiane Taubira fait des actes racistes et antisémites des circonstances aggravantes dans de multiples infractions. Il crée en outre une plateforme dédiée aux personnes victimes de ces actes et donne la possibilité à celles-ci de se regrouper et d’agir ensemble. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, décrétée par François Hollande « grande cause nationale » après les attentats du mois de janvier, faisait déjà l’objet d’une priorité expresse : par sa circulaire du 12 janvier 2015, Christiane Taubira avait demandé aux procureurs de la République de « faire preuve d’une extrême réactivité dans la conduite de l’action publique envers les auteurs d’infractions racistes ou antisémites » en insistant pour qu’une réponse pénale « systématique, adaptée et individualisée » soit apportée à chacun de ces actes. En clair : tolérance zéro pour ce type d’infraction, attitude qui contraste singulièrement avec le traitement réservé à la délinquance classique, un champ largement délaissé par le gouvernement.

    Si l’intention est louable, on peut s’interroger sur sa finalité. Et sur cette question, les dérives de la lutte antidjihadiste sont riches d’enseignement : pour simplement avoir refusé la minute de silence après les attentats de Charlie Hebdo ou avoir posté un message provocateur sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes – parfois des collégiens – ont été inculpées d' »apologie du terrorisme », innovation juridique de la loi Cazeneuve votée en novembre dernier, passible de 7 années d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende. Ces excès ont suscité l’inquiétude des associations de défense des droits de l’Homme. Et pour cause : nul futur terroriste derrière les barreaux mais de simples citoyens déclarés coupables d’avoir déserté la mobilisation générale pour la « guerre contre le terrorisme ».  De façon similaire, l’accusation d’antisémitisme sert surtout à disqualifier, et parfois même à criminaliser, les oppositions à la politique israélienne ou à la soumission de la France au lobby pro-israélien. Sous les tirs croisés de ces deux armes juridiques Yvan Benedetti, ancien dirigeant de L’Œuvre française, se voit poursuivi pour « apologie du terrorisme » et « antisémitisme » à cause de simples messages postés sur le réseau social twitter. Il faisait déjà l’objet d’une mise en examen depuis novembre dernier pour reconstitution d’une organisation dissoute.

    L’antisémitisme deviendrait-il synonyme de contestation de l’ordre dominant ? Il est en tout cas assimilable à la critique d’Israël selon Manuel Valls pour qui la « haine du juif » se nourrit de l’antisionisme. Dominique Reynié, politologue assermenté au micro de France-Inter identifiait même le Front de Gauche à un « foyer d’expression de l’antisémitisme ». Les électeurs de Marine Le Pen et les Français musulmans, victimes de la politique mondialiste du gouvernement socialiste, étaient pour l’occasion mis dans le même sac. Et sans surprise, la réponse consistant une fois de plus à museler Internet, en particulier les réseaux sociaux et les plateformes de partage de vidéos où « se retrouvent ces publics-là ».

    Outre une réduction drastique de la liberté d’expression publique, cette chasse aux sorcières aura pour conséquence de banaliser l’antisémitisme en l’assimilant de facto à une simple critique du système dominant. Dénoncer la main-mise de la finance internationale sur l’économie française, contester le pouvoir des banques, ou encore défendre la cause des peuples opprimés par l’impérialisme sioniste ou étasunien vaut excommunication. Le vrai antisémitisme est très minoritaire en France comme le montrent les études d’opinion mais il pourrait bien se développer à la faveur de ces campagnes à répétition qui visent à criminaliser l’expression d’opinions ou d’analyse dissidentes et qui finiront à force de durcissements par ne laisser au citoyen que deux options : se soumettre ou devenir un délinquant d’opinion.

    Nicolas Bourgoin (Blog de Nicolas Bourgoin, 20 février 2015)

     

     

     

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  • Charlie partout, justice nulle part ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue grinçant de Régis de Castelnau, cueilli sur Causeur et consacré à la je-suis-charlie-mania qui a sévi en France au cours du mois de janvier...

     

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    Charlie partout, justice nulle part ?

    Michel Clouscard avait usé d’une savoureuse formule  pour qualifier Mai 68 : « le 14 juillet des couches moyennes ». Cela concordait complètement avec mon propre vécu. Car il y eut deux Mai 68. D’abord celui des petits bourgeois qui mirent en mouvement leur jeunesse derrière quelques gauchistes de salon, tout ce petit monde bénéficiant initialement d’une grande mansuétude. Puis celui des ouvriers, auxquels ils avaient donné quelques idées et qui, profitant de l’aubaine et à l’aide d’une grève générale géante, obtinrent une partie de ce que leur devait des « Trente Glorieuses ».

    Une des conséquences de ce petit tremblement d’Histoire fut l’émergence des prétentions culturelles hégémoniques des couches moyennes – dont « l’esprit 68 » fut l’une des expressions. Les débats qui font rage aujourd’hui sont le reflet de la crise du dispositif idéologique construit après Mai 68, contesté souvent de façon massive comme le démontre le succès éditorial d’Éric Zemmour ou celui des manifestations contre le mariage homosexuel.

    Après la semaine tragique de ce début janvier, la manifestation qui s’est ensuivie et la publication du « numéro historique » de Charlie hebdo, nous assistons à une étonnante résurgence. Tout à son ivresse, la petite bourgeoisie, avec une suffisance parfois risible, se persuade du retour des beaux jours. « Les journées de février 1848 des couches moyennes », aurait peut-être ironisé Michel Clouscard.

    Je vais au préalable recommencer l’exercice désormais indispensable des précautions d’usage, pour tenter d’éviter l’accusation de « collabo», réponse instantanée à l’expression de réserves ou d’interrogations. L’attaque dont mon pays a été la victime m’a profondément choqué. Et je me suis senti impliqué dans l’élan national. Enfin j’ai toute la compassion du monde pour toutes les victimes, journalistes parce que journalistes, policiers parce que policiers, juifs parce que juifs.

    Cependant, rapidement mal à l’aise dans mon « être Charlie », j’ai constaté avec la publication du « numéro historique » de Charlie hebdo, et le bombardement qui l’a accompagnée, qu’il n’y avait qu’une façon d’être Charlie. S’arrêter à la seule agression contre la liberté d’expression, et donner des leçons à la terre entière. Si dans un premier temps, les victimes – juifs parce que juifs, policiers parce que policiers – ont été honorées, j’ai le sentiment qu’après la publication, elles sont nettement passées au second plan. Pour nos maîtres à penser requinqués, les martyrs, c’était les journalistes et dessinateurs assassinés et eux seuls. Les nouveaux héros, ceux qui avaient confectionné le numéro historique. La nouvelle liberté d’expression est apparue rapidement dans ses étroites limites : soutenir la ligne éditoriale de ce nouveau Charlie (caca-prout-bites toujours, partout, tout le temps). En dehors de ça : insultes, mises en cause, éventuellement poursuites judiciaires pour les déviationnistes. L’extrême-gauche adversaire de ce qu’elle appelle l’islamophobie en a pris pour son grade. De l’autre côté, ceux qui ont dit « les musulmans nous emmerdent » ont eu droit au même genre de traitement. Le nouveau camp du Bien n’a pas peur des contradictions. Tout à son ivresse, sa propre contemplation, et l’expression de sa suffisance.

    Histoire d’illustrer, regardons de quelle façon les États-Unis ont curieusement été  la première cible. Tout d’abord, comment Barak Obama avait-il osé ne pas venir défiler dans les rues de Paris aux côtés d’Orban, Poroshenko et autres ? Craignait-il de subir les coups de coude de Nicolas Sarkozy dans sa remontée de cortège ? Non, non, comme me l’ont dit des amis américains : « Le Président des États-Unis n’organise pas de manifestations, ne défile pas dans les manifestations. Il participe aux cérémonies. » Mes interlocuteurs ont ajouté qu’ils étaient un peu surpris du comportement de François Hollande à cette occasion, la récupération leur apparaissant assez évidente. Pour ma part, elle ne m’avait pas choqué, mais je comprends qu’aux États-Unis on puisse avoir d’autres mœurs politiques. Pas nos journalistes télévisuels, qui ont ouvert leur journaux lors de l’arrivée de John Kerry quelques jours plus tard d’un sonore : « Ah, les Américains viennent s’excuser, quand même ! » Bien sûr, la France c’est le phare des nations, et tout le monde doit s’aligner, n’est-ce pas ?

    Autre mise en cause des Yankees, le refus par le New York Times de publier les caricatures de Mahomet. Hou, les dégonflés ! Effectivement, pour ne pas offenser, le premier quotidien américain a pris ses responsabilités. Cela a fait débat. La médiatrice du journal, qui fait vraiment son travail, est intervenue en indiquant que deux impératifs contradictoires s’étaient affrontés : celui de ne pas offenser, et le devoir d’informer. Et de conclure qu’en cette occasion, c’est ce dernier qui aurait dû l’emporter. « Mais qu’est-ce que c’est que ce débat, nous en France, on sait ».

    Oui, la liberté d’expression chez nous est sacrée. À tel point que nous sommes un des seuls pays européens à posséder un arsenal répressif pénal en la matière… Certes nous avons le droit de penser et de dire ce que nous voulons mais pas moins de 400 textes enserrent, limitent, interdisent, répriment cette liberté. Dont nos chères lois mémorielles, monstruosités juridiques qui figent définitivement la vérité historique. Nous violons tous les jours le secret de l’instruction, pourtant destiné à protéger une liberté fondamentale, mais nous devons sous peine de sanctions utiliser en permanence l’adjectif « présumé », et gare si on oublie. Pas le droit dans un dîner privé de traiter notre belle-mère d’emmerdeuse, c’est une « injure privée » punie par la loi. Des chambres correctionnelles spécialisées (originalité française) jugent les délits d’opinion toute la sainte journée. Et évidemment la pratique du « fait divers – une loi » fait qu’on nous annonce une nouvelle loi sur l’apologie du terrorisme, la précédente datant du mois de novembre dernier ! On a vu, avec l’incroyable affaire de Cayenne et les récentes décisions rendues par une justice fébrile à l’encontre des twittos imbéciles, que la prison ferme dégringolait plus facilement que pour un cambrioleur récidiviste ou un arracheur de sacs de vieille dame. Et on va continuer, pourtant, à brocarder ces lourdauds d’Américains chez qui, pour le meilleur et pour le pire, la liberté d’expression est absolue. Ils s’en remettent au débat, chez nous c’est aux flics et aux juges. Alors bien sûr la France n’est pas une dictature, mais il est des circonstances où un peu de modestie ne ferait pas de mal. Et aussi un peu moins d’ignorance. Ceux à qui la tragédie de janvier est montée à la tête feraient peut-être bien de se calmer un peu, car le réel est toujours là. Et l’émergence de cette nouvelle prétention hégémonique des couches moyennes risque rapidement de s’y cogner. Gare à la gueule de bois. N’oublions pas qu’après février 1848, il y eut juin…

    Tiens par exemple, l’IFOP a réalisé une étude sur les différences de mobilisations autour du 11 janvier sur le territoire français. La carte des moindres, des faibles voire des très faibles, recouvre exactement celle du vote Front National, du non au référendum de 2005, et du chômage. Intéressant, non ?

    Et puis on apprend que les sociétés du CAC 40 ont été « invitées » à acheter massivement le numéro historique de Charlie hebdo. Pour le distribuer gratuitement aux cadres et aux agents de maîtrise, pas à la piétaille bien sûr. Trente mille pour la BNP, vingt mille pour Orange, etc. Les rebelles du « caca-prout-bites » ne gênent  pas le grand capital.

    Régis de Castelnau (Causeur, 30 janvier 2015)

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